Le service à la personne se structure et fusionne
Le service à la personne, secteur en cours de mutation, en pleine actualité et en grand bouleversement risque bien d’occuper le terrain médiatique dans les prochaines années. En tant qu’observateur, témoin et acteur sur le terrain du service à domicile depuis des années, et pour l’avoir souvent défendu, Atousages est interloqué par la confusion qui règne entre les différentes appellations des métiers, qu’ils soient nommés service à la personne ou service médico-social.
Nouvelle formation professionnelle
Et ce n’est pas la nouvelle formation professionnelle mise en place par le décret du 29 janvier 2016 (1) qui va nous aider à y voir plus clair. En effet, le diplôme d’État Aide Médico Psychologique (DEAMP) fusionne avec le diplôme d’État des Auxiliaires de vie Sociale (DEAVS) pour devenir un DIPLOME d’État d’Accompagnement Educatif et Social (DEAES) spécialité vie en structure collective. Lequel intégrera également les AESH (Accompagnement des Elèves en Situation de Handicap, ancienne auxiliaire de vie scolaire).
L’idée du gouvernement c’est de regrouper les compétences des travailleurs sociaux, des aides médico-psychologiques, des auxiliaires de vie spécialisée ou pas, à travers des axes comme l’accompagnement adapté à la situation de la personne à domicile, en structure collective, à l’éducation inclusive et à la vie ordinaire, et de l’orienter vers une pratique professionnelle. Et pourquoi pas, plus tard, ajouter les notions de soins des aides-soignantes (2). Tout cela, en favorisant des personnes en cours d’insertion, ou des demandeurs d’asile comme si intégrer la catégorie de travailleurs sur le terrain représentait une réponse aux maux de notre société. Sans parler des personnes mandataires, des indépendant(e)s dont les services ne sont pas contrôlés et qui vont tout de même prendre en charge des personnes âgées en grande vulnérabilité, voire des enfants dans les garde à domicile !
Le recrutement en crise
Alors que la réalité du secteur est désespérante en terme de recrutement d’assistante de vie : difficultés de recrutement de + 68 % dans le département de la Loire Atlantique, des salariés actifs dont la moitié a + 45 ans (3), un manque d’attractivité de la profession, une mauvaise perception des services à disposition des familles d’où la confusion, des salaires qui évoquent la précarité, nous posons la question :
Est-ce une bonne idée de regrouper tous ces métiers qui répondent à des demandes variées et à des populations qui n’ont pas les mêmes besoins en termes d’accompagnement de la personne ? En enlevant la spécificité et donc la professionnalisation des acteurs de terrain ne va-t-on pas accentuer la confusion là où l’urgence appelle d’autres mesures ? Comme la nécessité de tester d’autres formes de recrutement (groupement d’employeurs), rendre le métier attractif au vu du gisement d’emplois que cela représente, proposer des salaires décents pour des métiers réputés difficiles, accompagner les personnes en poste qui sont souvent motivées par la part d’humanisme de ces métiers, pour éviter le turn-over… Le service à la personne nécessite une vraie concertation et des débats, car nous sommes tous concernés.
Encore faut-il savoir de quoi on parle en ce qui concerne les auxiliaires de vie à domicile. Entre la vision romantique du travail d’une auxiliaire dame de compagnie, celle méprisante de la femme de ménage, pour ne pas dire boniche, il y a un juste milieu qu’Atousages défend à travers ses valeurs et le professionnalisme de ses aides à domicile. Mais qui entend le petit Poucet hurler dans la forêt ?
Références et lien :
(2) https://1901-formation.fr/deaes-le-nouveau-diplome-qui-fusionne-deavs-deamp-et-auxiliaire-de-vie-scolaire/
(3) sources L’autre Entreprise/AEC – rapport final juillet 2018